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Michel et ses problèmes d'alcool

Présentation :


RÉSUMÉ DE LA SITUATION

Michel a 24 ans et il vit seul depuis 4 ans dans un petit logement situé en milieu rural à 50 kilomètres de Québec. Il a abandonné l'école en secondaire 3 et n'a pas de métier. Il est bénéficiaire d'aide sociale depuis 3 ans et il est insatisfait par un emploi au noir qui l'occupe surtout l'été. Référé par le CLSC, il en est à sa première démarche pour avoir de l'aide pour un problème d'alcool et de haschich persistant depuis 3 ans. Même s'il prend une douzaine de consommations (surtout de la bière) aux deux jours et du haschich (un gramme) à chaque semaine, il se plaint davantage de ses relations avec son entourage, de son emploi au noir et de son humeur triste.

Au cours d'une évaluation structurée par l'Indice de Gravité d'une Toxicomanie, Michel raconte qu'il est dans un état psychologique déplorable depuis plus d'un mois car il est préoccupé par des relations insatisfaisantes avec ses amis et divers autres problèmes. Il est confus face à ses difficultés et il dit se sentir mal dans sa peau car il a l'impression d'être un bon à rien. Il est aussi préoccupé par son emploi au noir qui ne lui rapporte pas de revenu régulier et la peur d'être découvert. De plus, il a accumulé des dettes de 2000 dollars qui lui pèsent lourd sur les épaules. Enfin, il est sous probation pour encore 18 mois suite à une altercation en état d'ébriété pour laquelle il a été reconnu coupable de voie de fait simple et de voie de fait grave.

Questionné sur ses relations insatisfaisantes, il raconte que son appartement est constamment envahi par plusieurs jeunes surconsommateurs d'alcool et de drogues, qu'il n'a pas de temps à lui, qu'il est mêlé à divers conflits. D'ailleurs, il dit avoir failli frapper un jeune la semaine dernière à son logement ce qui aurait pu lui valoir de se retrouver derrière les barreaux. Il a l'impression d'être rejeté et il se sent inférieur aux autres. Aîné de 3 enfants, sa famille demeure à Québec depuis 4 ans. Les parents sont séparés depuis plusieurs années. Le père qu'il n'a pas vu depuis 3 ans a également un problème de consommation de même que le frère cadet. Il reconnaît avoir une meilleure relation avec sa mère à laquelle il veut prouver qu'il est capable de se débrouiller seul. Il compte comme confident, un homme dans la cinquantaine qui lui fournit également son emploi. Michel est plutôt réservé sur ses difficultés et il cherche à donner bonne impression.

DÉSCRIPTION DE LA DIFFICULTÉ

Michel abuse d'alcool 3-4 jours par semaine le soir seulement: il consomme jusqu'à 12 consommations dans son appartement ou chez des amis sur semaine ou dans les bars la fin de semaine. Le lendemain de ses libations, il se sent souvent mal physiquement et a tendance à tout voir en noir. Il considère avoir un problème d'alcool car il peut dépenser 300 dollars par mois pour l'alcool.

Il fume du haschich avec ses amis une fois par semaine: un gramme à chaque fois pour environ 30 dollars par mois. Il ne voit pas cela comme un problème.
   
 
Son appartement est envahi par plusieurs jeunes surconsommateurs surlesquels il a peu d'emprise et qui lui occasionnent souvent des problèmes. Il a tendance à ne pas exprimer ce qu'il pense ou ressent face à ces situations; il est davantage porté à consommer et, à l'occasion, sa colère peut exploser. Cette situation l'amène à se coucher et à se lever tard. Enfin, il n'aime pas son logement en raison des commentaires de ses visiteurs.
   
 
Il est préoccupé par son emploi au noir et l'absence de travail régulier. Il est généralement inactif à cause de son emploi irrégulier. Il a peu d'activités de loisir, peu d'amis supportants et il est porté à se dévaloriser.

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CHANGEMENTS SOUHAITÉS

Michel désire cesser de boire l'alcool totalement 3 mois et boire socialement par la suite.

Il veut s'affirmer: dire ce qu'il pense et ressent sans agressivité et sans boire d'alcool, faire un meilleur choix parmi ses amis.
   
  Il veut changer son mode de vie: terminer son secondaire et trouver un emploi stable.

POSITIONS/CONVICTIONS

Michel a une mauvaise opinion de lui-même car il est sur l'aide sociale, a des dettes, abuse d'alcool comme son père pour lequel il a peu d'estime.

Il a peur de se retrouver seul s'il s'affirme face à ses amis; il a peur également de perdre le contrôle de lui-même; a l'impression de ne pas être capable d'exprimer ses frustrations.
   
 
Il ne croit pas avoir un problème sérieux d'alcool mais surtout d'affirmation. Il veut cesser l'alcool pour une période et boire normalement par la suite quand il pourra s'affirmer. Pour lui, l'alcool est donc un moyen de "régler" un conflit ou de l'oublier.
     
 
Il a tendance à s'oublier dans ses relations avec les autres, il cherche à régler leurs problèmes mais il oublie les siens. Il agit d'ailleurs comme le confident de plusieurs jeunes.

SOLUTIONS TENTÉES

Michel a déjà réussi à ne pas boire 3 mois l'année dernière mais il était toujours dérangé par ses "amis".
   
  Il a tenté de parler à son entourage de ses frustrations avec peu de succès.
     
  Il est déménagé quelques fois depuis 2 ans pour avoir plus de tranquillité.
     
  Il s'affirme en buvant ou en utilisant la violence.

RESSOURCES ET CONTEXTE DE VIE

Il vit seul en logement depuis 4 ans et est autonome malgré de faibles revenus.
   
  Il possède un certain charisme pour les jeunes de son village car il est le confident de plusieurs.
     
  Il a une relation positive avec un homme de 50 ans qui le traite comme son fils et lui fournit travail et support.
     
  Il est habile et fiable au travail, désire un emploi qui va améliorer sa situation financière.
     
  Il entretient une bonne relation avec sa mère et sa fratrie.

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Interventions :

STRATÉGIES ET OBJECTIFS VISÉS

Cesser de consommer alcool et haschich le temps nécessaire pour apprendre à s'affirmer.
   
  S'affirmer face à son entourage et faire un tri parmi ses amis.
     
  Développer un style de vie plus satisfaisant: activités choisies par et pour lui.
     
  Changer sa perception de lui-même au niveau de sa capacité de se prendre en charge et du charisme qu'il exerce sur les autres.

TACTIQUES

*(signifie que l'intervention a été effectivement faite)

* Etre d'accord avec l'objectif principal de Michel qui croit que son problème principal est sa difficulté à s'affirmer mais insister sur le fait que l'affirmation ne peut réussir que s'il est sobre. L'alcool ou la violence sont inefficaces comme moyens d'affirmation et risquent de lui causer d'autres problèmes.

En effet, l'alcool nuit à l'affirmation car la personne intoxiquée a tendance à basculer de l'affirmation à l'agressivité. Adopter la position du client permet de créer un bon rapport avec lui et augmente sa collaboration pour qu'il réduise sa consommation lors des moments d'affirmation. Il est fréquent que la consommation soit un moyen pour certains surconsommateurs de résoudre des problèmes mais souvent ce moyen constitue justement l'obstacle à la résolution du problème. Après coup, le client nous a révélé qu'il a été écouté quand il s'est affirmé à jeun alors qu'on se moquait de lui quand il était intoxiqué!

Comme alternative à cette première intervention, aider le client à choisir lui-même l'objectif d'intervention en lui faisant imaginer à tour de rôle l'effet d'entraînement de la réalisation de chacun des objectifs sur les autres. Ainsi, pour chaque objectif, on demande au client d'anticiper les répercussions qu'aura l'atteinte de cet objectif dans sa vie, dans sa façon d'agir avec les autres, dans l'attitude de son entourage et sur les autres difficultés qu'il connaît actuellement.

En plus d'aider le client à choisir lui-même son objectif de changement, cette intervention induit chez le client que l'atteinte d'un objectif aura des effets d'entraînement importants. Le client est ainsi amené à considérer que la thérapie sera plus courte que prévu!

Recadrer une partie des problèmes psychologiques que Michel vit depuis quelque temps comme la conséquence de la consommation régulière d'alcool. L'alcool le rend triste et le porte à voir en noir. La réduction de sa consommation l'aiderait à avoir plus d'énergie et à être plus positif.

Ce recadrage amène le client à modifier son image de lui-même et le motive à vouloir réduire sa consommation. En effet, ses malaises sont attribués à un élément extérieur à lui-même ce qui le modifie sa perception de lui et l'incite à s'attaquer à la "cause" de sa situation. De plus, l'alcool est un dépresseur du système nerveux central et pris de façon régulière il a un effet très marqué sur l'humeur. Plusieurs clients constatent que la consommation régulière d'alcool ou de drogues les maintient dans leur problème: la figure sur l'arbre. L'arrêt de la consommation les aide à prendre une distance face à leurs difficultés, à les voir différemment et, éventuellement, à trouver des solutions nouvelles.

* Corriger et modeler le langage du client: utiliser les termes abus d'alcool, surconsommation, excès d'alcool plutôt que toxicomanie, alcoolisme ou dépendance.

Selon nous, il est important de surveiller son langage pour éviter les étiquettes et par le fait même la perpétuation d'une situation. Cela est d'autant plus important ici que Michel a tendance à se comparer à son père qu'il traite d'alcoolique!

* Poser des questions sur les différences entre lui et son père (et son frère) au niveau de la consommation mais plus particulièrement au niveau des ressources qui différent de son père et qui lui donnent davantage d'espoir de s'en sortir.

Dans le cas de Michel, il aurait pu être intéressant de lui donner le tâche d'observer chez lui les caractéristiques qui lui donnent plus de chances de s'en sortir que son père. En plus de démontrer que le problème d'alcool n'est pas génétique ou le fruit de la destinée, cette intervention vise à augmenter l'espoir qui est plutôt fragile chez Michel.

* L'amener à changer sa perception de lui-même: se voir comme un individu attirant et fort plutôt que comme un bon à rien. Lui faire voir qu'il est capable de se loger contrairement aux autres qui utilisent son logement pour consommer, que plusieurs jeunes vont vers lui pour se confier, qu'il est étonnamment fort dans les circonstances d'aider les autres malgré tous les problèmes qu'il connaît. Lui manifester notre surprise devant sa force de caractère et le charisme qu'il dégage.

Cette intervention permet de modifier sa perception de lui-même et de remettre en question sa tendance à s'occuper des autres plutôt que de lui-même. Se faire dire par un spécialiste qu'il survit étonnamment bien à ses difficultés implique qu'il possède des qualités personnelles insoupçonnées. De plus, en lui montrant qu'il a des ressources importantes, il sera plus enclin à s'éloigner des gens qui lui nuisent.

Lui dire qu'une partie de ses problèmes est due à son charisme et au fait qu'il attire trop de gens autour de lui!

Ce recadrage a le même but que le précédent mais il peut avoir un plus gros impact sur sa perception de lui: plutôt que de se voir comme démuni, il se voit comme ayant une qualité trop marquée. Ceci devrait l'inciter à s'occuper moins des autres et davantage de lui-même.

Complimenter Michel sur plusieurs habiletés relationnelles qu'il possède: son accueil des gens, sa générosité, sa disponibilité comme confident, sa facilité de contact, etc. Lui indiquer qu'il ne lui manque qu'une petite partie de ses habiletés: la capacité de dire non.

Ce recadrage permet de situer les difficultés de Michel à leur juste mesure et de le préparer à travailler sur "quelques" aspects de ses habiletés relationnelles.

Relever les exceptions: questionner les circonstances où il a réussi à dire non ainsi que les moyens utilisés. Identifier dans un contexte de groupe les occasions où il a pu aller contre l'opinion de la majorité. Rechercher en d'autres contextes les opportunités de dire non et de ne pas se faire influencer par les autres. Faire ressortir ce qu'il a fait et comment il s'y est pris dans ces situations.

Ceci constitue le premier principe de la thérapie orientée vers les solutions. Il s'agit de mettre la personne dans un espace de succès et de lui faire voir les stratégies qu'elle utilise pour atteindre ses buts. Michel a répondu à une question sur les changements pré-traitement qu'il avait commencé à se défaire de certaines personnes indésirables. En ne consommant pas dans les situations de groupe, il a pris conscience qu'il était préférable de rompre avec certaines personnes et qu'il était plus facile de le faire.

* Le questionner sur les stratégies qu'il a pris pour éviter de frapper le jeune qui l'a mis hors de lui. Voir s'il y a un lien avec les changements pré-traitement rapportés précédemment. Cela peut nous aider à voir les stratégies qu'il a commencées à utiliser pour interrompre des comportements indésirables. Il nous dira plus tard qu'il s'est dit que cela ne fera que lui occasionner d'autres problèmes et qu'il risque de se retrouver en prison. Il a choisi de se raisonner et de le mettre dehors au plus vite de façon calme. Déjà on observe un début d'auto contrôle qui peut lui être reflété pour lui donner confiance de poursuivre dans le même sens.

Recadrer certaines difficultés de vie de Michel comme des difficultés de jeunes de son âge aux prises avec un marché du travail fermé.

Ce recadrage de normalisation peut avoir un impact sur sa perception de lui-même car, dans les faits, Michel est travaillant et il n'a jamais perdu d'emploi à cause de sa consommation. Au contraire, il est reconnu comme un jeune très vaillant et fiable. Il avoue par la suite que la période où il avait un emploi stable et régulier, il consommait peu et sa vie était beaucoup plus agréable et satisfaisante.

* Lui poser la question miracle: "Imagine que, pendant la nuit, un miracle survient et que tu as réglé les problèmes qui t'amènent à consulter (difficulté d'affirmation et abus d'alcool), au point que tu n'as plus besoin de psychothérapie et que tu es pleinement satisfait de ta vie, qu'est-ce que tu vas observer de différent? Comment vas-tu te rendre compte du changement? Que vas-tu faire, dire, ou penser de différent?" Cette question oriente la personne vers le futur et le succès plutôt que vers ses problèmes qui lui pèsent sur les épaules. Il nous dira qu'il parle de ses problèmes ouvertement et s'affirme sans agressivité, sans alcool et sans accumuler les frustrations. Il boira normalement. Cette réponse nous aide à confirmer que l'objectif principal d'intervention est l'affirmation plutôt que la consommation qui deviendra normale par la suite. Il est important de préciser qu'il n'est pas facile de choisir la cible principale d'intervention pour un client qui se présente avec un problème de consommation.

Habituellement, dans les centres de réadaptation en toxicomanie, le client n'a pas le choix : il doit s'engager à réduire sa consommation avant de travailler d'autres objectifs sinon il n'est pas admis dans le programme. Dans le cas de Michel qui est jeune, qui a une brève carrière de surconsommation et qui a plusieurs exceptions à sa consommation, il est fort possible de travailler sur l'affirmation en priorité. Avec un autre qui a 20 ans d'abus chronique d'alcool et peu d'exceptions à sa consommation, le thérapeute peut être plus réservé sur les chances de réussite de travailler un autre objectif avant la consommation. Toutefois, il est toujours plus rentable d'être d'accord avec les objectifs du client et de les ajuster après une tentative infructueuse.

Ceci nous amène à parler de la question controversée du boire modéré. Plusieurs s'objectent à ce qu'on parle de boire modéré car on peut donner de faux espoirs à des alcooliques chroniques. Même s'il y a moins de chances de retour au boire modéré avec des gros consommateurs, il reste toujours préférable, selon nous, de garder cette porte ouverte avec le client que de la fermer et ainsi d'affecter le lien thérapeutique. Avec ces clients, on peut parler des critères de réussite de boire modéré (âge plus jeune, moins d'années de surconsommation, stabilité sociale, support familial, etc.) et des conditions d'essais de boire modéré (attendre au moins une année d'abstinence, avoir réglé ses autres difficultés de vie de façon satisfaisante, accord de l'entourage, etc.) et des difficultés de cette option (l'effort d'éviter de dépasser .08 d'alcoolémie, le danger de la rechute, l'énergie supplémentaire demandée par cette option, etc.). C'est le client qui choisira alors en toute connaissance de cause. Nous observons que cette procédure augmente la motivation du client et l'amène souvent à faire le choix le plus judicieux pour lui. Suite à la question miracle, le faire visualiser les débuts d'une affirmation satisfaisante pour lui: lui demander de raconter en détail comment ça va se passer, avec qui il va mettre des limites, quelles paroles il va utiliser, quels gestes seront posés, etc. Ensuite, lui faire détailler l'étape suivante.

Cette technique de visualisation détaillée du futur sert à décortiquer les étapes du changement tout en donnant au client le goût de le faire réellement car il vient d'expérimenter en imagination un succès.

* Dresser avec lui une liste d'activités agréables et d'amis supportants. Puis, en lui disant que choisir ses amis et ses activités est une façon de s'affirmer, lui prescrire de faire à chaque jour une activité ou une rencontre dans la liste composée. Il doit mettre cette liste à un endroit visible.

Comme Michel a commencé à délaisser des amis indésirables et à s'occuper de lui, cette tâche ne fait qu'encourager les changements pré-traitement.

Lui demander d'observer les moments où il se sent à l'aise dans son appartement et où il pose des actions pour interrompre un malaise.
Le but de cette tâche est de l'aider à voir qu'il existe des moments où il apprécie être dans son logement (contrairement à ce que certains amis lui ont dit), qu'il est responsable de son bien-être et qu'il est capable de le faire. De plus, cela peut l'aider à être plus conscient de son vécu et l'inciter à le corriger le plus vite possible. En effet, Michel semble avoir de la difficulté à ressentir ses frustrations car il peut passer rapidement de la sympathie à la violence avec certains jeunes!

* Lui demander d'observer la différence entre les journées de consommation et les journées de non consommation au niveau de son humeur, de sa façon de s'affirmer, des amis qui l'entourent et de son insatisfaction au travail.

Comme il n'est pas prêt à cesser de consommer, il est important de ne pas lui donner de tâches plus exigeantes que l'observation. Cette intervention va l'instruire sur les liens entre l'alcool et ses principales plaintes: son humeur, sa difficulté à s'affirmer, ses amis et le travail.

En lui expliquant que la surconsommation est liée à des sentiments de frustration, lui prescrire, quand il a une envie d'abuser d'alcool, soit de quitter la situation frustrante, soit de faire une activité agréable parmi la liste proposée précédemment.

Cette intervention vise à changer la perception de l'abus d'alcool: le voir comme un allié à apprivoiser plutôt qu'un ennemi à détruire. Ainsi, le client est invité à considérer l'envie d'abuser comme un signal d'une action positive à faire pour lui-même.

ÉVOLUTION ET SUIVI

Il y a eu six rencontres de suivi avec Michel. Les rencontres ont été interrompues à cause de la fin de contrat de l'intervenant. Dès la première rencontre, Michel manifeste des changements pré-traitement importants : en réduisant l'alcool, il a réalisé que la consommation nuisait à ses efforts d'affirmation et qu'on abusait de lui. À la troisième rencontre, il se situe à 7 sur 10 face à ses objectifs: il pense à lui, s'affirme face aux personnes négatives, contrôle sa colère, aime davantage son travail et son logement, réduit sa consommation, commence à payer ses dettes et fait des activités nouvelles et variées. À la dernière rencontre, un mois après la précédente, Michel nous apprend qu'il est déménagé loin de ses anciens amis dans un logement avec des colocataires qui n'abusent pas d'alcool. Il a rompu avec la plupart de ses amis négatifs. Il a réussi à convaincre son employeur de ne plus travailler au noir. Il consomme socialement la semaine et abuse à l'occasion la fin de semaine. Il a réalisé un rêve en s'inscrivant comme pompier volontaire. Il a payé ses dettes avec l'aide de son employeur. Enfin, il dit trouver la vie belle et se sentir mieux dans sa peau.

Yves Gros-Louis, psychologue 12 novembre 1995

Collaboration André Grégoire, psychologue

 
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